Ce qui se cache derrière La Fleur Aux Dents
Une histoire personnelle
Moi, c’est Ondine, je suis seule mais pas tout à fait, derrière moi, il y a ma petite famille (avec mon conjoint exploité…euh… mon conjoint collaborateur !) et tout un village motivé pour un retour aux sources, une économie bio et équitable. Alors à 40 ans, quand on est poussé par le vent de la reconversion et de la révolte politique silencieuse, on fonce !
La fleur aux dents est née d’un long parcours scientifique, spécialité… Faune ! Eh oui, les plantes, c’est tout récent. La botanique, ça barbe forcément quand on aime ce qui bouge (oiseaux, chauves-souris, etc.).
Le déclic ? Mon enfant. Des tics nerveux, une impatience corporelle difficile à cerner et à calmer (visite de spécialistes…). J’évolue déjà dans un monde d’herboristes, j’entends parler des huiles essentielles, je teste la Camomille romaine. Et là, révélation ! Ca va mieux ! Ca fait du bien ! Branle-bas de combat ! Bibliographie scientifique, achat de livres spécialisés, discussions avec professionnels, inscription à des formations, stages d’initiation à la cueillette sauvage, me voilà lancée, en embarquant tout le monde dans l’aventure.
Aujourd’hui, non seulement j’y crois mais la soif de compréhension des mécanismes d’action des molécules végétales m’a replongée dans les formules de biochimie oubliées. Le savoir encyclopédique à acquérir est un défi, celui à découvrir l’est tout autant car il s’agit bien d’une discipline, certes basée sur des savoirs ancestraux mais constamment en mouvance et perfectible grâce aux découvertes scientifiques.
Un contexte social
Dans une étude de Science sociale faite sur les cultivateurs cueilleurs adhérents au syndicat « SIMPLES » (Pinton et al. 2015), « le portrait-robot de l’artisan-cueilleur est brossé à partir des caractères suivants : la cueillette est souvent insérée dans un système artisanal de production mixte cueillette-culture ; la matière première est valorisée en divers produits (tisanes, baumes, huiles essentielles, etc.) ; la vente directe est associée à une volonté d’échanges avec le consommateur pour communiquer sur les valeurs de la démarche ; la démarche militante se base sur la relocalisation de l’économie et une production responsable d’un point de vue environnemental et social ; la production doit faire l’objet d’une certification ; les liens avec le territoire et ses acteurs locaux sont forts. ». Je fais partie du même moule !
Enfin, toujours dans la même étude et vis-à-vis de la signification sociale et politique d’un engagement dans une telle profession, je trouve cette analyse brillante : « Si la grande majorité des producteurs ne se déclare pas explicitement militant, il faut souligner que la forme de militantisme la plus aboutie selon eux, sauf exception notable, réside dans leur façon de vivre qui doit être mise en parallèle avec leur faible implication dans les activités militantes, comme pour beaucoup dans l’animation du syndicat. Ils sont ainsi loin d’être des « citoyens aliénés » si on se réfère à leur agir quotidien et leur adhésion à un style de vie. M. Dobré (2002) montre dans ses travaux que la multitude d’actions exercées quotidiennement peut être considérée comme une scène d’action infra-politique où cette notion renvoie à la disproportion des rapports de forces entre l’individu, ici le producteur cueilleur, et l’ensemble institutionnel auquel la plupart de ses actions sont subordonnées. Elle présuppose une charge politique de « résistance » aux pratiques et aux discours dominants et donc une forme d’action à signification politique. »
Le savoir pharmaceutique est indispensable, le monopole pharmaceutique sur l’utilisation des plantes est un rapt culturel, économique et social.
A nous, citoyens éclairés, de faire changer tout cela et de nous réapproprier nos savoirs. Cultivons-nous !
La ferme
Au 12 Carrouet à Barie (33190), on vit au rythme de la Garonne, comme tout le village. Parfois, elle recouvre nos terres et nos maisons. La contrepartie ? Une terre d’alluvions riche pour les cultures. Et les plantes produites sur la commune sont variées : Kiwis, noisettes, noix, légumes, maïs, blé… mais pas de plantes aromatiques et médicinales (PAM). Alors nous voilà, avec la Fleur aux dents ! Basés sur une ancienne exploitation maraîchère, nous avons acheté la maison en 2016. Elle dispose d’un terrain de 6500m² avec une serre et un tracteur (oups…non, plus de tracteur depuis l’inondation de 2021…). C’est peu pour faire des céréales mais c’est assez pour faire des PAM ! D’autre part, le village présente des opportunités d’agrandissement avec des propositions spontanées d’habitants de mise à disposition de leurs terres.
La ferme dispose d’un ancien séchoir à tabac, d’une ancienne maison de métayer en ruine et d’un tout nouveau laboratoire de boulangerie pour la reconversion de mon compagnon (on se reconvertit beaucoup dans la famille !) et bien sûr de la maison d’habitation. Bref, de quoi être au top dans quelques années quand tous les travaux seront terminés !
Les produits
La première année de production en 2022 a été très intense mais j'ai réussi à mettre en place à peu près ce que je voulais, c'est à dire, la gemmothérapie, car j'ai été conquise par les bougeons et leur action efficace et douce sur toutes sortes de maux, les tisanes, car c'est l'expression la plus libre de l'herboristerie et la plus simple de se soigner, les sirops, car je suis très gourmande et que la recherche de goûts est une quête infinie, les macérâts huileux et les baumes car ils aident très bien pour les soins en externe (douleurs, problèmes de peau, bronchites, blessures, etc.) et aromates car la cuisine sans aromates c'est comme une aquarelle sans retouches : fade ! Après, la fièvre créatrice fait que j'en rajoute toujours avec notamment les eaux florales, les cookies aux fleurs (Flookies), l'huile aromatisée pour pizza et cuisine...mais l'essentiel est là avec une bonne gamme pour chaque produit. La commercialisation est avant tout locale via les sites de vente Cagette.net chez les producteurs, les AMAP et quelques revendeurs du coin. Aujourd'hui, je me lance dans la vente en ligne car je sous-vends et que j'ai notamment beaucoup de macérâts de bourgeons. Je vais donc commencer par ces produits et on verra après ! La demande est là, on me tanne, j'y vais !
En quelques photos...


















